et cette fois, pour la Ronde, un texte de Hélène Verdier que je remercie
le vent d’ouest soufflait,
chargé des assemblages
il portait
odeurs d’herbes mouillées
turgescence des roses
remugles de fumures
sous défilés de blancs
suspensions du moment
dans les trouées du bleu
par dessus les ombelles
architectonique beauté
sucre des fleurs
du sureau vert,
registres calendaires
balancement de feuilles
quand brûlent les parfums
l’encens infiniment
trace les huit des quatre saisons
équinoxes et solstices
ce décompte des heures
bercement en partage
équitable ou non
du clair et d’obscur,
l’hiver après le gel perce
l’odeur menaçante du chou
sur les argiles froides,
au printemps viennent les premiers jaunes
inodores primevères
puis blanc ourlé
du suave épendage des narcisses poètes
— le poète se meurt,
puis en cascades de roses roses
le printemps touche sa fin
la lumière en triomphe
sur le char des saisons
en serpentins d’odeurs
juillet là-haut dans la montagne
de cascade en cascade
fleurissent les ancolies bleues
naines sous le brumisateur des mousses
des ruisseaux en furie
particules d’odeurs mêlées à celles
du granite chaud
ont ce parfum d’enfance
— quelqu’un avait gravé
AGNES sur les laitances
d’une écorce de bouleau
agneau des dieux absents
tu portais l’odeur
des amours contrariées
par les jours,
et puis revient
le temps des noces équitables
du jour et de la nuit
dont la terre exhale
tout le chaud et l’humide
de nos asters violets,
la nuit,
la nuit paradoxale tourne dans son mortier
le broyat des parfums et des couleurs
du jour
Une énumération haute en couleurs, odeurs et mouvements. Nous sommes bien avec Hélène quand bien même Rimbaud, Baudelaire et d’autres ne sont pas voisins ignorés. Un monde d’effluves fleuve de vie.
fluctuat nec mergitur, merci Jean-Pierre
Une très belle émulsion d’images parfumées qui se délecte au fil du vent de mots. On butine de plaisir.